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Confessions d’un (apprenti) écolo

Combat de tous les jours

Il en fallait bien un. Ça y est, je suis étiqueté « l’écolo de service » dans la famille et au boulot. Celui, un peu sympa, mais quand même un peu insistant, qui prêche comme il peut pour le respect de l’environnement.
Mais je suis surtout celui qui nous les brise quand même un peu avec ses histoires de pollution, de cycle de vie de produit, de plastique dans les océans. Il nous emmerde avec ses principes et leçons de morale.

Non pas que dans mon quotidien, j’aborde l’écologie à tout bout de champ, ou souhaite donner des leçons au gens… Je fume 10 clopes par jour (voir plus), je mange de la viande plusieurs fois par semaine, j’habite un appartement qui est une véritable passoire énergétique, le tout dans une mégalopole. Et j’en oublie un bon paquet.

Mais j’y pense. J’en ai conscience. De ces petits gestes, qui impacteront, à leur échelle, un peu les ressources de notre planète.

L’impact de ma clope sur la déforestation ou le CO2, sur les milliers de kilomètres que le tabac a parcouru avant d’arriver dans mon bec.
Celui de mon café pour à peu près les mêmes raisons.
Celui du sac plastique de mes courses (quand je n’ai pas de sac réutilisabe), qui sans doute, finira sa vie bien après la mienne.
Les déchets d’uranium que je vais léguer à des milliers de générations futures en allumant mon lave linge.

Les dégâts environnementaux que génère ma consommation de viande….

La mauvaise conscience est mon quotidien. Mais c’est ma manière de me donner bonne conscience.

Alors je tente de faire des petits gestes.

Je trie mes déchets, j’ ai apporté un mug en remplacement du gobelet de la machine à café au boulot. Je réduis la viande comme je peux. Je réduis mes trajets, ou tente de prendre les moyens les moins polluants. J’évite l’achat de gadgets inutiles.

Mais cela est peu, et je le sais. Le combat est dur. Avoir le courage de mes convictions impliquerait à la fois une privation de ce dans quoi j’ai toujours baigné (un certain niveau de confort), et, surtout, une forme d’exclusion sociale, un défaut de normalité. Les gens vous voient différemment dès lors que vous ne vous conformez pas à la règle.

– Vous ne prenez pas de viande ?
– Non.
– Vous êtes végétarien ?
– Non plus.
-Ah?
-…

Je me sens presque idiot d’expliquer que c’est par conscience environnementale. Cela a déjà fait ses preuves en matière de septicisme.

J’essaie donc de me mettre dans la peau de mon interlocuteur. Aujourd’hui, on nous parle d’écologie, mais dans notre quotidien, cela n’a pas vraiment de sens, dans la mesure où l’on ne s’aperçoit pas ce qui est en train de se passer.

Mon quotidien ne change pas, le ciel est toujours bleu (ou gris) ; je ne vois en quoi il y a un péril imminent.

C’est contre cela qu’il est difficile de convaincre. Contre le quotidien qui engendre le scepticisme. Tant que la quotidien n’est pas affecté, alors, il n’y a pas de problème.
Mais le problème est bel et bien là. 6ème grande extinction des espèces à vitesse jamais connue, saturation de déchets, polluants dans la plupart des nappes phréatiques, fonte des pôles… Mais tant que le quotidien n’est pas affecté…

L’esprit écologiste devra aussi lutter contre la pensée selon laquelle, à son échelle, chacun ne peut faire pas grand chose. Chacun peut faire quand même un peu. « La seule révolution possiblec’est d’essayer de s’améliorer soi-même, en espérant que les autres fassent la même démarche. Le monde ira mieux alors. » (Brassens).

Enfin, cette petite flamme de conscience, de respect de cette planète et de ses habitants sous toutes leurs formes, ne doit pas s’éteindre sous la pression d’une société surconsumériste, déshumanisée. C’est sans doute cela le plus difficile.