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La compensation carbone : bonne conscience ou réelle utilité ?

semelles compesnées : une autre forme de compensation

La compensation, sous une autre forme

compensation-carboneLa compensation carbone, vous en avez sans doute entendu parler. Le principe est de verser un montant à un organisme pour financer la compensation de vos émissions : votre contribution finance divers types de projets (reforestation, mise en place de projets permettant de réduire des émissions de CO2…). C’est un peu comme la « taxe de la pénitencerie » de l’Église il y a quelques siècles (vous payez pour racheter chaque péché), façon moderne et écolo.

Même l’Ademe, organisme public, prend très largement ses distances sur son site web,et émet de façon informelle un sérieux doute sur la crédibilité du processus de compensation carbone :

cette opération, de nature économique, comporte au moins 3 risques :

  • que le projet ne génère pas les réductions d’émissions attendues,
  • que la même tonne de CO2 puisse être vendue à plusieurs acteurs,
  • enfin que le prix auquel le crédit est vendu ne corresponde pas à un prix de marché.

On ne pourra pas dire qu’on ne nous aura pas prévenu.

Rendre visible l’action et communiquer

Aujourd’hui, nombreuses sont les entreprises qui communiquent sur leur « compensation carbone ». Cela permet une nouvelle fois de se donner bonne conscience à moindre frais. Pour beaucoup d’acteurs, la compensation carbone est un moyen simple et rapide de dire « ça y est, j’ai fait mon truc pour l’environnement ». On en revient à la fameuse taxe de la pénitencerie. Le raisonnement du « puisque j’ai fait mon jogging, je peux me gaver de pâtisseries » n’a jamais été très productif. Avec ce raisonnement, il suffirait à BP de rejoindre Total dans le sponsoring de documentaires (type Océans) pour faire oublier sa dernière marée noire.

La plupart des projets proposés par les acteurs dominants de ce « marché » proposent des prestations de « reforestation ». Mais un arbre ne stocke que de manière temporaire une quantité quasiment impossible à évaluer de CO2… Bref, ces estimations ne sont pas souvent fiables, et ces promesses de compensation n’engagent malheureusement que ceux qui les reçoivent… D’autres actions visent à encourager la réduction des émissions de CO2 de tiers, comme par exemple en finançant des projets de « biodigesteurs » ou autres fours optimisés. Cette fois, c’est un peu se donner bonne conscience à demander aux autres de réduire leurs émissions pour soi… Faîtes ce que je dis et pas ce que je fais.

Une utilité certaine

Reste qu’il n’en est pas moins bon de financer des projets visant à aider la nature. Ne jetons pas bébé avec l’eau du bain (ni ne poussons mamie dans les orties) : certains opérateurs affichent une très grande clarté sur leur processus de validation de compensation. Citons la Fondation Good Planet (dirigée par Yann Arthus Bertrand), qui contrôle l’opérateur Action Carbone. Cette même fondation, via l’évènement 10:10, incite les Français à réduire leur émissions de 10% en 2010,  en excluant clairement le principe de compensation dans le calcul.

Certes, la compensation carbone peut être utile : on ne peux pas faire grand chose sans émettre de dioxyde de carbone (à commencer par respirer). Seules les entreprises (et les particuliers) s’engageant déjà dans une réduction de leurs émissions peuvent justifier de compenser leurs émissions. Pour reprendre la métaphore précédente, maigriront seulement ceux qui réduiront leur consommation de pâtisserie en pratiquant une activité physique régulière (tiens, ça me donne une idée de billet : « être écolo donne la forme »).

Donc règle numéro 1, avant de compenser, réduisons !