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Le dodo et la crise silencieuse

Si vous êtes déjà allé à la Galerie de l’évolution du Museum National d’Histoires Naturelles à Paris, une espèce présentée ne vous a sans doute pas échappée.  Cette espèce est même présentée comme l’emblème de la galerie dédiée aux espèces disparues ou en voie d’extinction. Il s’agit du dodo.

Cette espèce endémique de l’Ile Maurice (autrement appelé « dronte de Maurice ») a été décimée par l’arrivée de colons et d’espèce invasives.

Forcément, quand vous êtes un oiseau qui a vécu tout le long de son évolution sans prédateur, que vous ne savez plus voler, que vous nidifiez à même le sol et que vous faîtes face à des hommes qui n’ont d’autre alimentation que leur réserves embarquées et vous,  vous êtes comme qui dirait mal barré.

Le dodo aurait été découvert par l’Homme en 1598 et aurait été vu la dernière fois en 1681. Des millions d’années d’évolution réduits à néant en moins d’un siècle.

J’aimerai pouvoir dire « mais tout ça, c’était avant ». Sauf que c’est pire maintenant.  Aujourd’hui, selon le rapport 2009 de l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) :

Pour résumer, « 21 % de tous les mammifères connus, 30 % de tous les amphibiens connus, 12 % de tous les oiseaux, 28 % des reptiles, 37% des poissons d’eau douce, 70% des plantes, 35% des invertébrés répertoriés à ce jour sont menacés. »

Ces chiffres augmentent année après année. C’est aussi sans compter les millions d’espèces que nous n’avons pas répertoriées, et qui disparaissent sans même que l’homme ai pu les voir ou leur donner un nom. C’est cette « crise silencieuse« , dont l’impact sera autrement plus lourd pour l’être humain que la plus grande des crises financières. A travers la diminution de la biodiversité, c’est notre survie à nous que nous mettons en cause. Dans quel monde voulons-nous vivre, et laisser à notre descendance ?

La valeur de la Terre

Selon l’ intitiative « The Economics of Ecosystems and Biodiversity« , les services rendus par la planète représenteraient 33 000 milliards de dollars US / an, soit le double du PIB mondial. Ok, convertir les apports de la planète en argent, c’est un peu comme donner un prix à l’eau quand vous êtes assoifé au milieu du désert…La valeur d’usage dépasse amplement la valeur d’échange, décrit comme le « Paradoxe de l’eau et du diamant » par l’économiste Adam Smith.

« Il n’y a rien de plus utile que l’eau, mais elle ne peut presque rien acheter ; à peine y a-t-il moyen de rien avoir en échange. Un diamant, au contraire, n’a presque aucune valeur quant à l’usage, mais on trouvera fréquemment à l’échanger contre une très grande quantité d’autres marchandises.»

Convertir les apports de la nature en dollars sonnants et trébuchants, c’est permettre de se faire comprendre par les décideurs. Si vous donnez une valeur marchande à l’environnement, il est plus facile de faire passer des concepts auprès de personnes qui ne voient que cette dimension des choses.

Ok, 33 000 milliards de dollars US, c’est la valeur d’échange des services rendus par la planète à nos économies.

Mais quelle valeur d’usage attribuons-nous à la Terre et à la biodiversité ?

Pour rappel, l’année 2010 est l‘année internationale de la Biodiversité