
Le réchauffement climatique est un problème qui semble compliqué à appréhender :
- il est impalpable, contrairement aux menaces pour les lesquelles notre cerveau d’humain est habitué à réagir
- il peut sembler lointain, aussi bien géographiquement (on parle souvent de fonte des glaces aux pôles), ou temporellement (les dates avancées sont souvent à moyen terme : 2030, 2050, voire à long terme: 2100…)
- il est au choix anxiogène ou ignoré, dans la mesure où nous ne connaissons pas exactement sa future intensité ni ses conséquences exactes
Sauf que le réchauffement climatique est bien là, dans nos contrées, et ses impacts potentiels en terme de dérèglements (inondations, sécheresses, canicules…) sont dévastateurs. Mais il y a plusieurs bonnes nouvelles :
- nos actes d’aujourd’hui ont un impact sur le climat de demain. Nous disposons – encore- d’une marge de manœuvre pour faire évoluer les choses dans le bon sens
- la Nature est résiliente : si on lui en donne l’opportunité, la Nature sait reconstruire ce que l’Homme a détruit. Par exemple, on a découvert récemment que les plantes s’adaptent en devenant plus efficaces dans leur utilisation de l’eau sous des concentrations de dioxyde de carbone élevées.
Ce n’est pas pour autant que la partie est gagnée; pour que la Nature fasse son travail, il faut lui en laisser une chance. Et donc agir dès aujourd’hui.
Sommaire
Les causes du réchauffement climatique
Il existe un effet de serre naturel, qui comme son nom l’indique, agit comme une serre. Le CO2 et les autres gaz à effet de serre laissent passer une majeure partie du rayonnement solaire, mais retiennent le rayonnement infrarouge qui rebondit vers l’extérieur. Ce rayonnement est bloqué par les gaz à effet de serre (« GES ») et par les nuages. Ce faisant, la température dans l’atmosphère (la serre) augmente.
Cet effet de serre naturel a été grandement perturbé ces dernières décennies par les émissions massives de gaz à effet de serre.
L’évolution des émissions de Gaz à Effet de Serre
L’évolution des émissions de CO2 mesurées depuis 1850 sont représentées sur le graphique ci-après :
En jaune, les sources de gaz à effet de serre liées à la sylviculture. En gris, celles dues aux ressources fossiles, le ciment et le torchage.
On voit une nette accélération après 1950 (après la seconde guerre mondiale) des émissions de CO2, et une accélération encore plus spectaculaire depuis 2005 environ. En 2016, les émissions de CO2 ont représenté 23 fois celles de 1950. Le résultat ? Une concentration de CO2 dans l’atmosphère qui n’avait pas été atteinte depuis des millions d’années sur Terre (quand le niveau des mers était à quelques dizaines de mètres au dessus de leur niveau actuel) :
La répartition des sources Gaz à Effet de Serre
Selon le dernier rapport du GIEC (Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat), voici la répartition des sources des émissions de Gaz à Effet de Serre tel que constatée, à l’échelle mondiale.
Les sources d’émission de GES (gaz à effet de serre) à l’échelle mondiale, selon le GIEC, sont réparties comme suit :
- 25% proviennent de l' »agriculture, sylviculture et autres utilisations des terres » (« AFOLU » sur le graphique)
- 6.4% aux bâtiments
- 14% au secteur du transport
- 21% à l’industrie
- 9.6% aux « autres énergies »
- 26% dus à des émissions indirectes de CO2, via l’électricité et à la production de chaleur. Parmi ces 26 %:
- 1.4% sont liés à l’électricité et la production de chaleur liés au secteur de l’énergie
- 11% à l’électricité et la production de chaleur liés au secteur de l’Industrie
- 0.3 à l’électricité et la production de chaleur liés au secteur des transports
- 12% à l’électricité et la production de chaleur liés aux bâtiments
- 0.87% à l’électricité et la production de chaleur liés à l’agriculture, sylviculture et autres utilisations des terres (« AFOLU »)
Les conséquences
A l’échelle mondiale
Le réchauffement climatique se traduit par une élévation notable des températures.
Les conséquences documentées dans le rapport du GIEC sont les suivantes :
- la fonte des glaces aux pôles, de façon massive
- le niveau de la mer, qui augmente à une vitesse jamais connue jusqu’alors
Elevation du niveau de la mer. Source : Nasa - de nombreuses espèces, animales comme végétales, se déplacent vers des contrées plus froides
Les conséquences à moyen terme :
- une forte augmentation du nombre de cyclones et ouragans, tant en quantité qu’en intensité
- des records de chaleur
- une forte diminution des rendements agricoles, et donc une rareté alimentaire
- des épisodes de sécheresses et inondations plus nombreux
- des dizaines de millions de réfugiés climatiques à l’horizon 2050
- l’engloutissement de nombreux territoires situés à moins d’un mètre au dessus du niveau de la mer
- le risque d’une disparition massive d’espèces (50% des espèces menacées d’extinction)
- la réapparition de maladies
- …
A l’échelle de la France
Aujourd’hui, la température moyenne relevée en France est également de plus en plus élevée.
Si les impacts météo sont pour le moment peu visibles et perceptibles aujourd’hui, si ce n’est une élévation des températures moyennes, ils le sont pour certains indicateurs comme les dates de vendanges. Ces dates, documentées depuis de nombreuses années, tombent de plus en plus tôt :
Pour se projeter plus concrètement dans les prévisions, vous pouvez consulter le bulletin météo du 17 août 2050, réalisé à l’initiative de l’Organisation Météorologique Mondiale :
Les conséquences attendues :
- des épisodes de canicule bien plus fréquents
- des feux de forêt plus fréquents, à cause des canicules
- de fortes réductions de ressources en eau et débits d’étiage, impact sur l’agriculture
- des rendements agricoles fortement affectés
- dans les grandes villes, amplification des vagues de chaleur avec des conséquences sanitaires et sur la consommation d’énergie (recours à la climatisation qui crée un cercle vicieux de génération de chaleur)
- accentuation des risques d’érosion sur les littoraux, et de salinisation des aquifères (réserves d’eau deviennent impropres à la consommation)
- déplacement des ressources halieutiques vers le nord
- des froids polaires : le réchauffement climatique va réduire fortement l’influence du Golf Stream, qui fait que Bordeaux, à la même latitude que Montréal, bénéficie d’un climat plus tempéré.
- …
Les solutions
Quantifier
Quantifier permet de connaître l’impact d’un geste par rapport à un autre en terme d’émissions de GES. Il est donc capital de s’informer sur le bilan carbone de chacun de nos actes.
Comme vu précédemment, le réchauffement climatique est dû aux gaz à effet de serre rejetés dans l’atmosphère.
En simplifiant, pour respecter les objectifs de l’accord de Paris, nous devons de limiter à 2 tonnes notre quantité de CO2 émis par an et par habitant. Aujourd’hui, les français émettent chacun en moyenne 10 tonnes de CO2 par an (direct, comme les transports, et indirect, comme le CO2 via un smartphone construit ailleurs et importé).
Réduction par les Etats des émissions de gaz à effet de serre
Les Etats ont un pouvoir : celui d’imposer des normes, de contraindre individus et entreprises à limiter leur émissions de CO2. Conscients des enjeux, les représentants des différents pays du monde se réunissent régulièrement sous forme de COP depuis plus de 20 ans. Mais jusqu’ici, aucun accord contraignant, beaucoup de discours sur l’urgence, mais l’urgence de ne pas contraindre. Or, au vu des chiffres vus précédemment, l’action n’est clairement pas encore satisfaisante, car ne produit quasiment pas d’effet : les émissions à de gaz à effet de serre continuent à augmenter.
Réduction à l’échelle individuelle des émissions de gaz à effet de serre
Agir soi-même, à son échelle (et devenir un modèle pour les autres). Oui c’est possible, et c’est même souhaitable, devant l’inertie des pouvoirs politiques.
« Montrer l’exemple n’est pas le meilleur moyen de convaincre… c’est le seul«
Il existe de multiples manières d’agir. La première étant dans son comportement de consommation. Il faut être conscient que chaque acte que nous faisons a un impact. Et cet impact, bien qu’impalpable, existe bel et bien. Vous trouverez quelques conseils ici.
Réduire la consommation liée au chauffage / climatisation
S’il est un poste qui permet de faire de fortes réductions en terme d’émissions de CO2 et d’économies, c’est bien celui du confort thermique. En effet, réaliser des travaux d’isolation de son habitation permet de réduire fortement la consommation d’énergie liée au chauffage ou à la climatisation. De nombreux dispositifs d’aide à l’isolation existent.
De plus, des bon réflexes s’imposent ; ne pas surchauffer (quitte à se couvrir un peu plus chez soi), réduire le thermostat la nuit, et se passer autant que possible de climatisation, qui est une catastrophe pour le climat.
Acheter et manger moins de viande
Si ce geste peut paraître anodin, et complètement déconnecté du réchauffement climatique, il a en fait un impact concret et important sur le réchauffement climatique. En effet, pour obtenir de la viande il faut :
- un animal
- des protéines végétales pour le nourrir
- de l’eau pour lui donner à boire
Ce qui nous intéresse ici, ce sont les protéines végétales que nous lui donnons. Chaque animal, pour grandir, nécessite d’énormes surfaces dévolues aux cultures. Et ces surfaces sont créées aux détriment de la forêt. Or, la forêt est le plus important réservoir terrestre de carbone. Elle séquestre 9,2 Gt d’émissions nettes de CO2 par an, l’équivalent d’un tiers des émissions de gaz à effet de serre (GES) mondiales.
Sur le graphique suivant (source FAO, publié dans un rapport financé par la Commission Européenne), vous pouvez voir que plus de la moitié de la « déforestation importée » (c’est-à-dire aux produits qui contribuent à la destruction des trois grands bassins de forêt tropicale du monde) sont utilisés pour le soja, lui même utilisé majoritairement pour la production d’alimentation animale, animaux destinés à… la production de viande.
Acheter moins de produits préparés
Gâteaux , ketchup, pâte à tartiner, plats préparés etc… Tous ces produits à la composition douteuse ont un impact sur notre santé (et notre condition physique). Tous ces produits ont un composant commun : l’huile de palme. Pourquoi est-elle autant utilisée ? Parce que l’huile de palme :
- ne coûte pas cher aux industriels (c’est la principale raison)
- a des propriétés technologiques très intéressantes : elle reste semi-solide à température ambiante dans nos climats tempérés. Cet aspect semi-solide apporte du fondant, de la longueur en bouche aux chocolats. Elle est donc pratique à transporter, et donne un côté onctueux aux produits comme la margarine. Dans les soupes en poudre, l’huile de palme permet de mettre du gras sans que la poudre colle au sachet, mais reste bien sèche.. Et en plus, elle tient bien à la cuisson
Mais ces produits ont également une responsabilité dans le réchauffement climatique ; par exemple, l’huile de palme qu’ils contiennent à contribué indirectement à la déforestation. A noter que de nombreux industriels refusent même de communiquer la provenance de leur huile de palme.
L’huile de palme représente 11% de la déforestation importée en Europe comme le montre le graphique précédent. Et cela sans compter l’impact du transport et de l’énergie nécessaire à la transformation du produit en terme d’émissions de GES.
Moins consommer en évitant le superflu
On l’a vu plus haut, l’industrie représente, directement ou indirectement, 32% des émissions de GES. Le transport, 14%. Tout ce que nous achetons, le moindre objet, est une source de gaz à effet de serre, et donc de réchauffement climatique. Pour bien comprendre les tenants et aboutissants de ce processus, rien de tel que la vidéo suivant, « The story of stuff » (« L’histoire des choses »). Si la vidéo date d’il y a quelques années, elle est encore aujourd’hui terriblement d’actualité.
Vous pouvez facilement activer les sous-titres si désiré en cliquant sur les options
Consommer moins de choses dont on n’a pas de besoin, en réduisant, réutilisant, réparant, et recyclant : ces 4 R sont à la base de la réduction de son impact sur le réchauffement climatique. Cela s’applique à la nourriture, aux objets de décoration, aux objets high-tech tels que les smartphones et ordinateurs…
Transports : réduire ce qui n’est pas « doux »
Au quotidien, il est possible de réduire, voire d’abandonner l’usage de la voiture. Oui, c’est possible, même si on a des enfants. Et en plus on fait de grandes économies.
Une des choses que l’on réalise le moins est l’impact sur le réchauffement en terme d’émission de gaz à effet de serre d‘un simple trajet en avion. Si le transport aérien semble anecdotique, les émissions par usager sont gigantesques; il y a juste moins d’usager de l’avion que de la voiture. Si le fait de voyager (ou plutôt « faire du tourisme ») est devenu la norme de nos société, les rejets de gaz à effet de serre dans l’atmosphère sont clairement déconnectés de l’enjeu gigantesque auquel nous devons faire face.
Par exemple, un Paris – New York aller-retour vous fera émettre en 16 heures plus d’une tonne de CO2 (source : DGAC). Sachant que pour rester dans les objectifs de l’Accord de Paris (COP21), il faudrait émettre seulement 2 tonnes de CO2 par an et par personne…
« Mais l’avion va quand même voler si je ne suis pas dedans « . Certes, pour cette fois. Mais si nous sommes de plus en plus nombreux à faire le choix de ne pas parcourir le monde et à collectionner des visas en avion, et de privilégier le voyage à la destination, alors cet avion ne volera plus.
Bref, devenir écolo
Devenir écolo, c’est un état d’esprit… Il existe de nombreuses petites actions que vous pouvez mettre en place. A retenir : avant tout, être écolo, ce sont des petits gestes et de grandes joies !
Mobiliser autour de soi
Ouvrez un blog, envoyez un email à votre député pour lui faire part des enjeux climatiques, faites des vidéos, manifestez, donnez du temps ou de l’argent aux association écologistes, informez-vous, ou encore faites part de vos observations et remarques en commentaires…. Bref, lancez-vous, et contribuez à changer la société !
Un changement culturel
Nous luttons contre un ennemi diffus, aux conséquences incertaines, et qui entre en dissonance avec nos habitudes occidentales ; l’enjeu aujourd’hui est d’opérer un changement culturel drastique.
Il y a quelques années, il était normal de fumer au restaurant, ou de laisser des déjections canines sur le trottoir… Dans les années 80, le fait d’avoir 1.2 grammes d’alcool dans le sang au volant était puni d’une simple amende.
S’il était complètement anormal de visiter un pays à 8000 kilomètres chaque année il y a moins d’un siècle (autant dire, rien à l’échelle de l’humanité), aujourd’hui celui qui ne pratique pas le tourisme (de masse) est vu comme casanier ; les gens confondent « voyage » et « tourisme« . A nous d’inverser cette tendance.
De même, manger de la viande à chaque repas était exceptionnel il y a moins de 80 ans…. Aujourd’hui, nombreux sont ceux qui n’imaginent pas manger végétarien ne serait-ce qu’une fois par semaine. Même si cela est mieux pour leur santé et leur porte-monnaie…
Les changements culturels peuvent s’opérer massivement et rapidement. A nous de le vouloir et de prendre le train en marche.
N’oubliez pas : « Montrer l’exemple n’est pas le meilleur moyen de convaincre… c’est le seul »
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