Les députés ont à peine voté le projet de loi Grenelle II que le gouvernement communique à tout va sur le Grenelle Environnement. La déclinaison en campagne télévisuelle est impressionnante par sa reprise de tous les clichés du genre : du vert partout, des panneaux solaires, la belle voix grave sérieuse et rassurante, et la petite musique qui vous ferait écraser une larme. Pour finir sur le slogan choc « Entrons dans le monde d’après » (qui, littéralement, ne veut rien dire…).
Pas de doute, on a affaire à des professionnels de la communication.
Si vous êtes « décroissant » , si vous pensez que le respect de la nature passe par une réduction des besoins (illimités) de la consommation des ressources (limitées), les premiers mots de la campagne de pub vont faire mal à vos oreilles.
Juste le temps de prendre un mouchoir pour sécher mes larmes d’émotion.
Cette publicité a été postée en septembre dernier sur Dailymotion, et manifestement le gouvernement a réservé des espaces publicitaires sur les chaînes nationales pour faire passer le même message le jour du vote à l’Assemblée Nationale, 8 mois plus tard. Sauf que le Grenelle II ne ressemble plus trop aux bonnes intentions de l’époque.
Certes, le texte marque des avancées, comme sur le plan de la biodiversité. L’étude d’impact environnemental sera désormais obligatoire avant chaque grand projet (Ligne à grande vitesse ou autoroute). Une « étude » qui n’ a toutefois pas force contraignante… Citons la mise en place de corridors sauvages qui devraient être créés entre des zones préservées (dits « trames vertes et bleues »).
Mais si on y regarde de plus près, derrière les violons et les termes marketés du spot publicitaire, on s’aperçoit que nous sommes loin des objectifs énoncés dans le Grenelle I sur plusieurs thèmes. On fait même face dans certains cas à d’importantes régressions :
- Energie Eolienne : les conditions d’implantation sont plus sévères et restrictives : un parc de 5 mâts minimum doit être installé, dans des zones prédéfinies au niveau régional, et à au moins 500 mètres des habitations les plus proches.
- Pesticides : l’objectif initial était de réduire de 50% la quantité de pesticides utilisée sous 10 ans. Il n’en sera rien. Désormais toute interdiction sera à l’inverse plus complexe, devant être examinée par l’Afssa et faire l’objet d’études d’impact sur le plan socio-économique. Bref, une mauvaise nouvelle qui contrebalance la bonne sur le thème de la pollution de l’eau et de la biodiversité.
- Plus anecdotique mais terriblement révélateur, un amendement concernant le cendrier de poche jetable. Le pour : on veut faire prendre conscience de la pollution engendrée par les mégots de cigarette jetés n’importe où (un mégot mettrai 10 ans à se dégrader, et peut polluer jusqu’à 500 litres d’eau). Le contre : avec des cendriers jetables, on remplace une nuisance environnementale par une autre. Le jetable est et reste l’antithèse de l’écologie.
Ces points ne sont que des exemples. Il semblerait que l’effort sur le front environnemental ai été relâché. Certains évoquent l’impossible récupération de l’électorat écologiste par la majorité actuelle pour justifier les reculs. Pour d’autres, ce sont les lobbies qui auraient asséné leurs vérités à des députés « un peu perdus ».
Des avancées, des reculs qui les obscurcissent sévèrement : les faits ne sont pas en adéquation une campagne publicitaire un peu trop complaisante. Concernant la communication environnementale, il est grand temps d’ « entrer dans le monde d’après ».