Vous avez peut-être pu voir au cinéma le superbe documentaire Océans.
La petite chose qui m’a interpellée est la présence de nombreux mécènes (clairement indiqués en début de film).
Il est clair que sans tous les moyens déployés par lesdits mécènes, le film n’aurait sans doute pas vu le jour, du moins sous cette forme.
Néanmoins, parmi ces généreux contributeurs, on compte plusieurs acteurs qui peuvent être intéressés par du GreenWashing, un bon lavage au vert ne peut pas faire de mal… Comptons parmi eux la Fondation Total, EDF ou encore L’Oréal, via la Fondation Shueller Bettencourt (créée et financée par Liliane Bettencourt, héritière de l’empire des cosmétiques).
La mer, ça nous connaît
Total a en effet une longue histoire avec la mer. Sans compter que ses intérêts (forages et vente de pétrole) sont un peu antagonistes avec le message véhiculé de préservation de l’environnement.
Comment Total pourrait ne pas être intéressé par l’exploitation 90 milliards de barils potentiels situés en Arctique ? De plus, la véritable armée de pétroliers de l’entreprise ne risque t-elle pas d’utiliser le nouveau passage maritime au Pôle Nord, créé par la fonte des glaces?
Selon les propres mots de Jacques Perrin (coauteur du film), il s’agit de « véritables sanctuaires » bientôt (déjà, pour certains endroits) livrés au passage de porte-conteneurs et autres réjouissances.
Certains bateaux on déjà pratiqué cette route, pour l’instant escortés de brises glaces. Mais bientôt, cet espace jusqu’alors préservé de toute présence humaine devrait être livré au commerce mondial à cause de la fonte des glaces ; nous allons transformer un paradis naturel en autoroute (avec tout ce que cela comporte de dégazages et émissions de pollutions inhérentes au passage d’un fort trafic). Et les compagnies pétrolières sont sur le point d’y installer des « stations services » (plateformes de forage).
On espère donc que Total saura agir en accord avec les convictions qu’elles adopte en adossant son nom à ce film.
Comment agir ? L’action passe par exemple par le fait de militer pour adoption d’un statut de « patrimoine naturel mondial » du Pôle Nord (Arctique), au même titre que l’Antarctique. En effet, une convention datant des années 60, sur laquelle se sont greffés de multiples accords, préserve en grande partie le Pôle Sud.
Il n’est donc aujourd’hui pas inconcevable de parvenir à un accord. A moins qu’il soit déjà trop tard : que l’ouverture de la route commerciale, et les économies que son usage permet, soient déjà inclues dans les budgets prévisionnels des principaux transporteurs maritimes.
Le plastique c’est fantastique
Et L’Oréal, grand pourvoyeur de produits sublimement et richement emballés dans du plastique, maître du packaging, saura t-il faire un pas dans le sens du « moins d’emballages »? Comment fait-on prendre conscience au consommateur que l’emballage plastique de son gel douche ou shampooing restera sur la planète après avoir quitté sa salle de bain?
Aujourd’hui, non seulement la mer n’a plus (beaucoup) de poissons, mais elle est gavée de plastique. Certains endroits du globe font froid dans le dos : ainsi l’existence du « trash vortex » ou « Pacific Garbage Patch« , constitué de dizaines de millions de tonnes de déchets…
Par les courants marins, ces déchets convergent et s’ entassent dans une zone bien spécifique du Pacifique, grande comme la France (voire plus). On peut regretter que ce phénomène ne se produise pas plus près de nos côtes ; nous sommes malheureusement dans une société qui considère que ce qu’elle ne voit pas n’existe pas. Donc peu de mobilisation médiatique sur ce grand océan de déchets.
Les conséquences de cet amoncellement sont un impact direct sur la faune et la flore : les animaux s’étouffent en ingérant du plastique, sont coincés dans des filets et autres emballages… Sans compter les substances qui peuvent se dégager de ces déchets, et peuvent provoquer maladies, malformations….
Les exemples visuels ne manquent pas ; il suffit de taper « Pacific Garbage patch » dans votre moteur de recherche…
Pas de bons ou de mauvais points ; les faits sont là. Maintenant, suffisent les discours, il est temps d’agir. Et autrement qu’en se collant une étiquette verte (pour le moment) injustifiée.
Ressources utiles :
C’est clair que la liste des mécènes (longues) est parfois surprenantes ! je confirme que Total ça choque….Mais en même temps le réalisateur avait vraiment besoin de sommes importantes pour financer un tel projet. Le résultat compte : ce film a pu sortir et son témoignage est à voir par tous. Il faut aussi comprendre que chaque entreprise va pouvoir aussi en interne communiquer sur ce projet, cela fait autant de prise de conscience en plus. Je préfère regarder le pas que nous faisons tous en avant 🙂
Nous sommes complètement d’accord sur le fait que sans eux, ce film n’aurait pas vu le jour. Et son impact dans les mentalités peut être gigantesque.
Le film fait d’ores et déjà un carton au Japon, pays qui me semble très important à sensibiliser ! Donc, merci Total ! (je ne pensais pas dire ça un jour).
Je ne condamne pas ces entreprises gratuitement, ce n’est pas mon objectif de faire de l' »anti » primaire. Mais j’espère juste que les prochaines années verront une prise de conscience du pétrolier (entre autres), notamment concernant l’exploitation des réserves de pétrole sous le Pôle Nord… Pour que le pas en avant ne ne serve pas de caution au pas en arrière.
C’est bien, vous vivez dans le monde des bisounours…
le dixième de ce qu’à couté ce film, donné à une organisation comme « sea shepherd » aurait mille fois plus d’impact réel pour protéger la planète et faire avancer la cause environnementale.
le cinéma des bobos ne changera rien, à part faire de beaux rêve…
Nous sommes complètement d’accord sur ce point ; pour le même budget, il y a des milliards de manières d’agir. Et l’objet de mon billet est bien de dénoncer certaines « manipulations » dont on peut se sentir l’objet en allant voir ce film.
Je continue dans la « bisounoursitude » : on a déjà vu des films (pour bobos?) avoir des répercussions réelles : du type Indigènes, qui a a permis aux anciens combattants de nationalité étrangère une réévaluation de leur pension.
Certes, Océans n’est pas « engagé » comme peut l’être Indigènes, mais si ce film permet de susciter des vocations et mobiliser des consciences (et les porte monnaies), alors les associations comme Sea Shepherd en bénéficieront.
Rétroliens : La guerre de la viande (et nous au milieu) | TantMieux.fr
Rétroliens : La compensation carbone : bonne conscience ou réelle utilité ? | TantMieux.fr
Je me suis installé devant Océans et soudain… la liste des sponsors ! Je ne suis pas allé plus loin ! C’est honteux de permettre à ces multinationales de redorer leur image auprès du grand public pendant que d’un autre côté elles détruisent le monde dans lequel nos enfants devront essayer de survivre !
Mieux vaut ne pas faire de film plutôt qu’un film dans ces conditions car pour moi c’est de la manipulation ! Et tant pis pour la notoriété ! Y’a des héros de tous les jours qui refusent ce genre de compromissions, qui refusent de mettre leurs compétences au service de ces gens… quitte à ne pas être connus ou à gagner moins ou à ne pas réaliser tous leurs projets !!!
Oui les sponsors sont des entreprises et certaines sont ciblées comme polluantes.
Mais si elles existent c’est bien parce que VOUS tous les critiqueurs et nous nous utilisons ces ressources les principaux pollueurs c’est nous.
Que sommes nous capables de faire pour réduire notre comportement polluant; vélo, éviter les transports longs, acheter des biens locaux sans transport excessif, diminuer notre consommation, véhicule à faible consommation …