Le thon, ce n’est pas aussi mignon qu’un panda… Et c’est tellement bon, ces sushis avec du poisson rouge. C’est aussi bientôt fini, si les évènements continuent sur la même lancée.
La conférence de la Convention sur le commerce international des espèces sauvages menacées d’extinction (CITES), réunie à Doha jeudi 18 mars, a refusé d’inscrire le thon rouge à son Annexe I. Cette inscription aurait permis d’interdire l’exportation de l’espèce.
Par cette décision, le thon rouge est mis un peu plus en péril.
L’Europe et les Etats Unis, qui s’étaient prononcés en faveur d’une interdiction du commerce du thon rouge (timidement pour la France, qui réclamait un délai de 18 mois), ont cédé face aux pressions du Japon et des pays en développement. On estime que 70 à 80% des pêches de thon rouge sont destinées au marché Japonais…
Il n’est pas venu le jour où nous pourrons convaincre en masse les Japonais de sacrifier une partie intégrante de leur culture… Demandez moi, en tant que bon français, d’arrêter le vin rouge, je vous rirai au nez.
Par contre, si vous me faîtes prendre conscience que ma consommation actuelle hypothèque ma consommation future, je reconsidèrerai sans doute l’option.
Désormais, la décision sur la régulation de la pêche du thon rouge appartient à l’Iccat (association des pays pêcheurs pour la conservation des thonnidés). Sauf que l’Iccat n’est pas spécialement reconnu pour ses politiques de préservation des espèces…
Rien ne se passe ; à nous d’agir
Devant ce massacre à grande échelle, et en attendant que j’apprenne le Japonais afin d’y lancer un blog dans la langue (tantmieux.jp), je souhaiterai vous faire part du fait qu’on peut agir chacun à son échelle. Une excellente nouvelle à ce sujet : selon un sondage GreenPeace CSA réalisé en France, 74 % des interrogés déclarent savoir que le thon rouge est une espèce en danger de disparition, 78% sont prêts à arrêter d’en consommer.
Malheureusement, ces paroles n’ont pas valeur d’engagement. Et vu le niveau de fréquentation des restaurants de sushi par des amateurs de thon rouge, il semblerait que bien peu aillent au delà du fait qu’ils sont « prêts » à arrêter de consommer. Il est désormais temps de passer les paroles en actes.
Allons nous laisser une espèce disparaître juste pour le plaisir de nos papilles ? Jusqu’à quand tolèrerons nous des restaurants qui proposent du thon rouge sans se soucier de la situation plus que préoccupante de l’espèce ? Désormais, c’est à chacun de dire non.
Plusieurs moyens d’action :
- refusez de manger des restaurants à sushi ne sont pas engagé dans la cause. Deux chaînes de sushi proposent des restaurants sans thon rouge : Sushi Shop et Sushi Bâ. S’il y en a d’autres à votre connaissance, vous pouvez en faire part dans les commentaires.
- demandez vos menus sans thon rouge. Remplacez-les par un autre type de poisson.
- faîtes réaliser à votre entourage qui consomme du thon rouge, qu’il est littéralement en train de manger une espèce en voie d’extinction…
Le temps presse, l’espèce n’attendra pas.
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Bonjour,
je voudrais savoir ce qui se passera sur la biodiversité méditerranéenne si le thon rouge disparaît.
Bonjour Alberti,
Excellente question. Le thon rouge est un « grand prédateur », en haut de la chaîne alimentaire. Son seul prédateur de masse semble être l’Homme. Quoiqu’il en soit, la disparition d’une espèce tend à créer un déséquilibre de la chaîne alimentaire.
En l’occurrence, le thon rouge se nourrit de petits poissons (anchois, sardines, maquereaux, …) et de méduses.
On peut difficilement extrapoler les conséquences de la disparition d’une espèce ; l’impact en soit est déjà énorme en terme de biodiversité. Néanmoins, si vous êtes habitué des côtes, vous connaissez déjà le problème de la surabondance de méduses. Et ce problème est d’ores et déjà d’ordre mondial.
Après quelques recherches, je ne suis arrivé sur aucune source d’information fiable concernant un aspect quantifiable de l’impact de cette disparition sur d’autres espèces. Je vous conseille de consulter quelques ressources si vous vous intéressez au sujet :
http://wwz.ifremer.fr/institut/content/download/35340/290161/file/08_10_20_DP%20thon%20rouge.pdf
http://www.greenpeace.org/raw/content/france/presse/dossiers-documents/tout-ce-que-vous-avez-toujours.pdf
Il faut garder à l’esprit que la perte d’une espèce est une catastrophe en soi. Le jour où il n’y aura plus de panda, on risque d’en parler énormément, même si l’impact sur l’écosystème sera minime.
Certes, le thunnus thynnus (thon rouge) n’est pas aussi mignon que le panda. Mais sa disparition serait aussi grave, car causée entièrement par l’Homme.
J’aurais voulus savoir ce qu’il en est aujourd’hui la situation du thon rouge depuis 2010